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Ne commence pas à tourner mal



Quand on ne peut pas me voir directement, pour me faire la morale, on s'arrange pour m'écrire partout où ça se voit, comme ça, tout le monde le sait. Les gens s'occupent de moi d'un peu trop près, je trouve, mais ça ne les dérange pas, écartez-vous ! C'est pour moi la même sensation que lorsqu'on me parle à quelques centimètres du visage, sans état d'âme ni retenue, non, je ne viens pas l'emmerder dans son espace, plus près on s'entend mieux, on s'entend respirer même, le mélange d'haleines, d'odeurs de cheveux, oh et tiens, si je lui palpait l'épaule, et la quéquette ? Très agréable. Est-ce que je le fais, ça ? Je ne me mêle pas. De loin non plus, je médis, mais je ne me mêle pas. Et puis, je sais ce que l'on me reproche, de ne pas pouvoir aller à certaines fêtes, parce que c'est trop compliqué ? de ne pas aller aux concerts que je veux, parce qu'à chaque fois, on se décide quand c'est complet ? de rester chez moi devant United States of Tara et dénigrer toute activité sociale ? de simplement vouloir essayer plutôt que devenir dépendant ? de ne pas avoir le droit de choisir mes amis ? Ce qui est bien avec la rhétorique, c'est qu'on a toujours raison à la fin.
Et il fait beau, je n'ai plus le droit d'être énervé alors ? ou sinon qu'est-ce qui m'en donnerait raison ? Mais bon, ça ne me va pas plus mal finalement, de me calmer. Le temps y arrive bien, à être doux et ensoleillé, alors pourquoi pas moi ? Pour l'ensoleillement, facile, je me suis fait blonroux, j'ai de superbes cheveux solaires. Pour la douceur, c'est Zaza et Léa qui portent tout sur leurs épaules, puisque malgré tout, il me faut bien un exutoire, un endroit où cracher mes sarcasmes (comme ça, pas d'ulcère à tout refouler). J'emmagasine toute la journée pour tout déverser le soir à table. C'est bien parce que, mes reparties sont bien meilleures sous l'effet de la colère, du coup je fais rire tout le monde à la maison tellement qu'ils comprennent pas que c'est méchant, en réalité, et moi, qui ris nerveusement à côté, ça ajoute à l'ambiance. On s'en sort tous pas mal, je trouve. Alors, vous voyez ? rien à me reprocher.
Reste que je suis blonroux.

Not so secret





C'était quoi, c'était quand ? L'autre jour je sais plus, mais c'était vraiment trop drôle. En fait, pour tout dire, c'est depuis que j'ai commencé à dire "trop drôle" sans arrêt, qu'il n'y a pas un jour sans qu'il ne se passe quelque chose de drôle autour de moi. Et pourtant des fois, ce n'est vraiment pas grand chose. Mais alors quoi, il suffisait juste de se la faire à la méthode coué pour que tout prenne une dimension d'aventure ? Moi je crois pas, parce que comme par hasard, depuis que j'ai intégré "trop drôle" à mon vocabulaire, le soleil est revenu et le monde sourit. Ca fait rire les oiseaux et chanter les abeilles, en fait, comme par hasard, c'est le printemps qui fait effet, non ? Mais même si je rigole plus souvent, ça n'empêche pas que je fasse la gueule, hein.
Et l'autre jour justement, j'ai bien cru exploser de satisfaction tellement la situation cadrait bien avec mon humour. Enfin mon humour méchant, je veux dire, et dans cette catégorie, c'est vrai qu'il m'en faut peu pour m'éclater. Je la fais courte l'histoire, parce qu'il suffirait que la personne se reconnaisse pour se vexer. Donc c'étais dans une voiture banale, avec ces gens plutôt approximatifs, moi j'étais bien là, pas flou pas imprécis, j'étais derrière, bien enfoncé dans la banquette. Et donc je rentrais chez moi, je les écoutais. Alors déjà, il faut signaler qu'il s'agissait de ce genre de voiture, que quand elle passe dans une rue, on a envie de l'envoyer sur la Lune, tellement la musique est forte et merdique, les fenêtres baissées au maximum et qu'on s'entend plus. Rien que ça, être du côté des emmerdeurs sonores, ça me mettait déjà en bonne conditions. Et voilà les deux devant moi qui se mettent à parler de séquestration, passage à tabac dans leur village, ça m'a complètement achevé. J'étais comme devant la télé, à écouter un fait divers sur TF1, je me demandais quand viendrait l'épisode du procès, mais pas de panique, j'y ai eu droit. Et puis la suite des détails à la maison, étant donné que ma soeur, qui était déjà au courant mais avait oublié de me parler de cette aventure (c'est bien la première fois), m'a apporté tout ce que je n'avais pas pu savoir pendant le trajet. Bon, c'est pas drôle comme ça, maintenant on va croire que mes aventures quotidiennes sont nulles et qu'il m'en faut peu pour m'amuser, mais je vous jure, des petites histoires comme celles-là, mises bout à bout, à force c'est drôle. A chaque fois j'ai l'impression d'être là au bon moment, en première ligne. Je trouve ça abusé de toujours remarquer les trucs comme ça et pas les autres.
Je m'amuse bien en ce moment, j'ai toujours plein de choses à raconter aux gens -comme d'habitude- mais j'oublie toujours de les relater ici, dommage, il y en avait des encore plus drôles.

Fermez tout

Seul



J'en ai marre moi, de me foutre la honte dès que je suis seul. Je ne suis pas dingue eh oh, mais quand même des fois (tout le temps), quand je marche normalement, et que j'ai bien inspecté les alentours, afin de m'assurer qu'il n'y ait personne, il m'arrive de parler, MAIS pas parler comme un dingue non plus. Je dis juste des fois par exemple "merde j'ai oublié mon portable" tout haut tellement que j'ai les nerfs de l'avoir oublié et que ça m'échappe. Ca vous arrive jamais peut-être de parler tout seul ? Bref, c'est toujours après ce moment, une fois que j'ai lâché la sauce à crier ma solitude, que je m'aperçois du mec qui fumait sa clope à la fenêtre et qui avait échappé à ma vigilance. Et qui à présent doit bien me prendre pour un taré.
Je ne dois pas faire assez attention, puisqu'à chaque fois que je me sens assez en confiance pour m'exprimer seul, comme un papy qui ne se rend plus compte qu'il se parle à lui même, quelqu'un sort des buissons, tombe du ciel ou passe en vélo, et me regarde, en me faisant bien comprendre qu'il a été témoin de ma folie. Même à deux heures du matin, je peux être sûr de me farcir un passant, le genre qui rentre chez lui et qui n'a pas forcément envie de tomber sur des malades comme moi sur le chemin. Et tout ce que je peux faire, c'est encaisser le moment de solitude, parce que, essayez d'aller vous justifier, ce sera encore pire. Combien de fois me suis-je mis à chanter My Humps avec un brin de choré, je vous assure qu'à force, je me suis calmé. Mais bon, je sais que je ne suis pas le seul dans ces situations, hein ? Il suffit de voir la tête de ceux qui se font choper avec le doigt dans le nez (ou ailleurs), mais non, pas moi, pas ça. Je veux bien admettre que je suis cinglé, mais pas dégueulasse.
En tout cas, je ne m'étale pas sur les bancs d'église pour montrer à tout le monde que j'aime le bordeaux et le bois, c'est déjà ça.

Photobooth



Je n'arrive plus à dormir, bon d'accord j'aime la dernière saison de Skins, Effy a pété la gueule de Katie, vous le saviez ? Eh ça va, je viens de regarder l'épisode, je ne m'en suis pas encore remis, autant dire tout de suite que j'écoute Bon Iver pour rester dans l'ambiance. J'ai lu que les gens branchés ne se lavaient pas les cheveux, du coup j'ai été branché toute la semaine dernière. Et cette semaine rien. Ben j'attends, hein. Je profite du lycée, c'est trop drôle, je sais pas qui a eu la bonne idée de rassembler autant de personnes du même âge dans un établissement comme ça, mais ça donne un truc, comme j'en reverrai plus jamais. Je veux pas faire le mec supérieur ni rien, qui se donne un air blasé (de toute façon dans la réalité je fais des avalanches d'hystérie alors ça ne colle pas), mais moi ce qui va me manquer après le lycée, ce sera de ne plus entendre, comme tous les jours, des gens parler comme ça, l'air responsable, le ton grave d'adulte, pour dire des trucs pas possibles du genre "il lui a éjac partout", qu'ensuite tout ça prenne une tournure démente et qu'il faille la semaine pour qu'on s'en remette tous avec nos tons d'adultes. C'est à ça que je carbure moi, je suis à fond, je rigole toujours comme pas possible, il faut les voir les autres, se sentir utiles, jouir de leur avantage lorsqu'ils communiquent un scoop, je pourrais pas décrire un tel comportement. Belle époque, sérieux, on s'amuse vraiment comme des fous, je me demande si nos parents faisaient pareil. Enfin je veux pas savoir. Ils sortaient eux aussi, autant que nous ? Mon père lui, il dit que je sors trop. Frustré, va.
Je n'arrive plus à travailler, bon d'accord j'ai jamais réussi à travailler, mais la je trouve que c'est particulièrement le néant. Et pourtant l'an prochain je vais en prépa, comme ça m'énerve. J'ai pas envie de tout manquer pendant deux ans, je sais que personne ne m'attendra. Je me monte peut-être la tête, en tout cas je prévois la dépression nerveuse à peu près en janvier prochain, et l'internement en mars (le temps de me rendre compte que tout le monde s'en fout que je sois en dépression, il faudra alors que je mette le paquet pour attirer l'attention).
Je n'ai plus de portable depuis une semaine, autant dire que je me sens comme un Amish, et puis, comme je ne sais pas si un Amish ça bosse en cours, je ne préfère pas tenter le coup. On verra demain, hein, comme d'habitude.

Pistols of fire




On y va alors, c'est sûr ? Rendez-vous comment ? Oui, achète, on te rembourse dans le bus.
Les gars, ya machin qui veut s'incruster, mais tout va bien, je lui ai pas dit quel bus prendre. C'est bon, je finis ma cigarette et on monte dedans. Ah ya truc, et truc, ah mais ya bidule aussi, bon ben, ça fait déjà un peu de monde. Ah mais c'est dans une maison ? J'aurai du le dire aux autres, ils seraient tous venus ! Mais on dort là-bas ou on rentre à pied ? J'ai pas ma brosse à dent, mais j'ai des tic-tac. J'espère que ça sera bien au moins. Bon, je met mon iPod pour le trajet.
Je savais qu'on aurait pas du venir. Ah ça oui, je veux boire, déjà que c'est nul, tant pis si il n'est que vingt heures. Et on n'ouvre pas ce qu'on a acheté tant qu'on n'a pas vidé le stock de la soirée ! Qui est d'accord pour rentrer à pied après ? Oui oui, moi oui. Bon on verra. Heure limite ? Une heure, si c'est pourri on bouge. Qui a du feu ?
Non non non, pas lui, qu'est-ce qu'il fout ici, il croit que je suis son pote, je vois déjà comment il va me tenir la jambe dans une heure, une fois qu'il aura bu. Eh oh, c'est la cinquième fois qu'on écoute Kid Cudi. Ca va la soirée finalement non ? Moi j'aime bien. On descend après hein ? Qui veut aller aux toilettes ? OH, j'ai oublié un truc dans mon sac, j'arrive ! TADAM, qui en veut ? Allez, mais ça fait rien regarde ! Tu veux pas essayer ? Prends-en plus, non ? Et voilà, une nouvelle adepte. Après je le fais essayer à machine, elle va mal le vivre ça va être drôle. D'ailleurs matte comme elle est toute seule, trop drôle. Qui en veut encore ? Non mais t'as raison, tout le monde fait la gueule, regarde le résultat. Heureusement qu'on est là, tous, hein. Bon, moi je vais en bas.
On remonte ? On y va ? Il est plus d'une heure. On va voir. Tu trouves qu'il y a encore de l'ambiance ? On pourra pas tirer plus d'amusement ce soir ici, allez hop. Comment on tire la chasse d'eau ? Qui rentre avec nous, qui pleure, qui reste, qui a faim ? Ca mérite un petit coup de poppers. Allez go, salut tout le monde. On essaye de trouver des vélos quand même ?
T'AS CASSE LA BOUTEILLE ! Et comment on fait pour rentrer, on n'a presque plus de munitions ! Bon si, j'ai ma flasque, mais fais chier hein ! Onze kilomètres ? On verra combien de temps ça fait à pied. Qui veut du poppers ? Commencez pas à casser les couilles, ya jamais eu de dame blanche. Et tu m'emmerdes avec tes talons, toi. Neuf kilomètres ? Qui veut du poppers ? J'en peux plus, qui n'en peut plus aussi ? Mais bon, c'est sympa de marcher non ? Sept kilomètres ? Ca mérite un coup de poppers. EH OH attendez, j'en peux plus, cinq kilomètres, ça fait combien de temps qu'on marche là ? Fais pas de stop, ce sont des gendarmes. Et voilà t'as gagné, ils s'arrêtent, cache la bouteille dans le buisson. Trois kilomètres, moi j'en peut plus je prend du poppers, pas vous ? On est où là ? J'ai pas froid en fait, il fait bon, je suis content, et tout rouge. Comment ça t'as pas tes clés dans ton sac ? Bon, et ben alors on dort chez moi. Quelle heure il est ? Si je met mon iPod, je vais être trop bien. Ca mérite un coup de poppers. Je suis sûr qu'ils se font chier là-bas, on a bien fait de partir. On a bien fait hein ? Un kilomètre, j'en peux plus. T'AS VU L'HEURE, il est tellement tard que ya plus de prostituées sur les quais. Bon on longe les quais et c'est fini. Un petit peu de poppers ? On est pas bien, là ? Moi, j'en peux plus.
Je vous met les matelas, le réveil, bonne nuit. ...on leur dira qu'on n'a marché que deux heures, ils auront trop les nerfs.